Bolloré : un empire médiatique au service de Zemmour ? - Reportage #cdanslair 01.12.2021
Quelques heures après avoir officialisé sa candidature à l’élection présidentielle à la mi-journée sur les réseaux sociaux, Éric Zemmour était l'invité mardi soir de la grand-messe télévisée du 20 heures de TF1. Une première interview sur laquelle comptait le tout nouveau candidat pour apparaître plus souriant, plus humain avait confié quelques heures plus tôt son entourage. Mais sur le plateau l’ancien chroniqueur de CNews a finalement semblé mal à l’aise, contraint de se justifier sur sa vidéo de candidature et l’utilisation d’images non autorisées. Plusieurs organisations audiovisuelles et personnalités, comme Eric Besson, Jacques Attali, Valérie Trierweiler, le distributeur Gaumont, la chaîne France 24, envisagent d’engager des poursuites judiciaires et ont demandé le retrait des images dans le clip de campagne.
Interrogé à ce sujet sur le plateau du 20 heures de TF1, le polémiste d’extrême droite a balayé d'un revers de main des "querelles de juristes" dont il ne s’occupe pas. Quant au doigt d’honneur adressé ce week-end à une passante à Marseille "c’est un geste pas très élégant mais en tout cas qui correspondait bien à l’exaspération de cette folle journée". Agacé par les questions de Gilles Bouleau, Eric Zemmour a même fini par s’emporter en fin d’entretien, demandant au journaliste de l'"interroger sur son projet et son statut, pas sur ce qu’il a déjà écrit". Le tout nouveau candidat qui n’a pas du tout apprécié l’exercice a aussi poursuivi ses reproches après l’interview qualifiant Gilles Bouleau de "procureur" et de "mauvaise foi" alors que "devant les autres, il s’efface, poliment, humblement, parfois de façon larvaire". "Le journaliste a la liberté de ses questions, l’invité de ses réponses", a réagi de son côté TF1 : "Gilles Bouleau a mené cette interview sans complaisance ni animosité comme avec chacun de ses invités".
Alors trois jours après la polémique sur le doigt d’honneur, Éric Zemmour a-t-il du mal à enfiler le costume de candidat ? C’est du moins ce qu’estiment nombre de politiques qui lui ont signalé ces dernières heures par voie médiatique. "Éric se trompe de faire ce procès à ce présentateur de télévision, qui aurait pu être beaucoup plus agressif qu’il ne l’était", a ainsi réagi Robert Ménard, proche du polémiste d’extrême droite. "Le rôle des journalistes - et j’en suis victime souvent -, c’est de vous bousculer, c’est très désagréable, mais c’est comme ça", a ajouté le maire de Béziers. "Venant de lui, qui ne se gêne pas pour bousculer les autres. Je trouve que là, il se trompe de cible". De son côté, le porte-parole du FN Sébastien Chenu a estimé qu’"Eric Zemmour n’est pas en capacité de se qualifier pour le second tour. […] Il y a un problème de maîtrise de soi et de sérieux dans cette candidature. Éric Zemmour a du mal à installer une crédibilité, on ne le voit pas comme un homme politique, encore moins comme un président de la République". "On peut se poser des questions sur sa capacité à représenter notre pays et à occuper les plus hautes fonctions. […] Il nous a vendu qu’il était le Trump français. C’est un Trump commandé sur Wish", a réagi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Après plusieurs mois de campagne officieuse, tout en fracas, marquée par une envolée sondagière et des polémiques incessantes, Eric Zemmour est désormais officiellement lancé dans la course à l’Elysée. Mais après avoir connu une fulgurante percée, les nuages semblent désormais s’amonceler, avec des sondages en baisse à 13 %, des salles qui le refusent comme à Londres et Genève, une organisation fragile qui suscite des critiques en interne et des désistements. Jusqu'à celui cette semaine du soutien du financier Charles Gave, qui lui avait accordé un prêt de 300.000 euros.
Invités :
- Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique – France Télévisions
- Vincent Martigny, professeur en science politique - Université de Nice et Polytechnique
- Etienne Girard, rédacteur en chef du service Société – L’Express et auteur de "Le radicalisé"
- Ivanne Treippenbach, journaliste politique – Le Monde
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